Diplomatie

Le soleil était haut et la chaleur était insoutenable. On entrait dans la saison arride, celle où l'eau devenait plus précieuse que l'or et où les simples mortels connaissaient l'enfer et maudissaient à chaque instant le sort qui les avaient amenés dans les Caraïbes. Une frégate doubla la pointe et apparut aux yeux des habitants de Port Royal. A sa poupe flottait le pavillon blanc du Roi de France. A bord du bâtiment, Marc de Boisnoir, récemment promu Amiral de France, faisait les cent pas sur la dunette observant avec défi les pièces du fort. La dernière fois qu'il avait vu l'endroit, c'était il y a fort longtemps, environ dix ans. mais les temps étaient bien différents.

Il était venu à Port Royal pour prendre le commandement de l'escadre française dans l'Armada de Lord Beckett. Mais la fin tragique de Beckett avait mis fin à cette entreprise et de nouveau la France et l'Angleterre étaient rentrées en guerre. Il parcourut le pont de la frégate du regard. Un seul boulet suffirait à la désemparer même si l'on était en paix avec l'Angleterre, la France ne pouvait jamais vraiment faire confiance à ce voisin et rival au caractère changeant. La mission de Boisnoir était encore un peu floue. Il devait régler un différend commercial avec les Anglais, cette négociation avait tous les aspects d'un ultimatum, et en même temps, il devait envoyer certains de ses offciers observer les fortifications et les installations de l'ennemi en prévision d'une attaque. Une mission qui s'approchait de l'espionnage mais n'en comportait pas les risques.

Ce fut un soulagement pour Boisnoir lorsque la frégate mouilla un peu à l'écart et qu'à bord du petit canot il se rendit à terre. Aprés avoir salué quelques offciels venu l'accueillir, Boisnoir fit mander une caléche pour se rendre chez le gouverneur. Alors que la voiture arrivait, Boisnoir remarqua une silhouette féminine dans le foule infâme dont le port était bondé. Cette silhouette lui rappelait quelqu'un...

-Nous serions nous déjà rencontrés?